Le neveu de Rameau
Diderot-Rameau. Télescopage. Confrontation. Deux univers. Deux pensées.
Diderot intellectuel, homme public haï mais admiré de son siècle. Rameau, traîne-savates, obscur « musicos », pique-assiette, locataire d’un grabat en banlieue, quand il n’est pas S.D.F. Ils ont en commun liberté d’esprit, humour, sens de la dérision, regard extralucide.
Diderot arrache les masques, dénonce les grimaces. Rameau crisse comme le sel, mord comme l’acide. L’os est à nu. Diderot, intelligence en éveil, observe ce monde qui meurt. Coeur ouvert, à l’écoute de la révolte. Celle d’un individu. Bientôt celle de la nation.
Rameau s’éloigne, seul, comme Chaplin sur sa route.
Diderot écrit.
Le monde changera-t-il ?
« Nous avons là un Diderot secret, extrême, abandonné à son goût de la provocation… En termes surprenants, il présente le personnage du Neveu comme aliéné dans sa société, par la corruption de cette société… »
HEGEL
Cet enseignement qui rayonne tellement est vaillamment promu à la scène avec brio, conviction et un certain sourire d'accompagnement dans l'adaptation et la mise en scène, comme dans l'interprétation en intelligente complicité des duettistes très doués : Jean Menaud et Michel Derville.— L'Humanité
...On les retrouve une fois de plus chez le gourmand et savoureux philosophe des lumières, qui s'amuse cette fois à disserter avec un vagabond cultivé, paradoxal et brillamment dingue : le neveu déjanté du musicien Rameau. Une rencontre pétaradante d'esprit, menée par ces deux comédiens-frères qui travaillent ensemble à merveille.— Télérama
L'adaptation relève de la prouesse théâtrale : chacun des deux comédiens joue alternativement, un soir sur deux, le rôle de Diderot puis celui du neveu de Rameau. L'exercice est d'autant plus difficile que tout oppose ces deux personnages. La confrontation de Diderot, philosophe et maître d'œuvre de l'Encyclopédie, installé dans ses principes et une relative reconnaissance sociale, et le neveu du musicien Rameau, génial raté, prêt à tous les compromis, nous procure de savoureux passages...— Le Parisien
And last, but not least, nous avons reçu de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, le courrier suivant :— Gabor ZSAMBEKI
Chers collègues,
Durant ma vie, j'ai vu de nombreuses productions, dans de grands théâtres, avec un public important, et pourtant, sur scène, l'interprétation était faible, le jeu ennuyé et ennuyeux.
Hier soir, j'ai eu le plaisir de goûter dans votre production du Neveu de Rameau, un jeu extraordinairement concentré et attentif – et la présence de l'esprit de l'auteur.
C'était du vrai théâtre. J'en ai été réellement impressionné.
Je vous en remercie et vous envoie mes salutations les plus chaleureuses,
Directeur du Théâtre Katona de Budapest
Président de l'Union des Théâtres de l'Europe
A la suite de quoi, nous sommes allés jouer « Le Neveu de Rameau » en Hongrie, Roumanie, Pologne et Ukraine...