Les caprices de Marianne

"Une femme est comme votre ombre ; courez après, elle vous fuit ; fuyez - la, elle court après vous..."
Musset. Namouna, chant I.

« … Le théâtre de Musset a consciemment, volontairement été pris par la bourgeoisie française de la fin du XIXème siècle pour ce qu’il n’était pas. En lisant les textes de près, on peut y voir un tableau beaucoup plus cru de la vie. Musset y dit tout de la révolte, des ambitions et de ses limites. Il aspire à un monde différent qui remplacerait la médiocrité ambiante. Quelle troublante proximité avec notre époque ! Et comment alors les jeune gens d’aujourdh’ui pourraient-ils rester indifférents à de tels propos ? … »
Jean-Pierre Vincent
Interview au NOUVEL OBSERVATEUR, n° 1406, Oct. 91

Le texte de Musset est le contraire d’une convention amorphe. C’est une oeuvre sulfureuse et dérangeante. Elle résonne dans notre siècle par son impact éternel. C’est une oeuvre violente et subtile. L’humour y est la politesse du désespoir. Un seul mot définit l’ouvrage de Musset : modernité. Il accroche le lyrique au réel. Il enserre le poème dans le cadre de notre siècle. Un vertige, un cri, une chute. Un texte qui s’engouffre dans l’éternelle vocation du théâtre : celle d’être le miroir du monde. LES CAPRICES DE MARIANNE au VINGTIÈME THÉÂTRE, un spectacle au plus proche de Musset, mais qui veut prendre le risque de l’irrévérence pour défendre l’émotion. Musset vivant…

Jean Menaud, au Vingtième Théâtre, monte « Les Caprices de Marianne »avec une liberté de ton qui fait plaisir à voir. Il situe l'action dans la Naples d'aujourd'hui. Pourquoi pas ? Sa lecture est cohérente, éclaire même à certains endroits le texte…..l'essentiel passe : la souffrance métaphysique des personnages, l'intelligence des caractères.
— Figaroscope
Voilà un beau caprice, mais déconseillé aux personnes qui n'envisagent pas de voir une pièce de Musset autrement que dans une mise en scène classique. Car, pour Jean Menaud, « la seule façon de respecter les classiques est de les bousculer »….C'est ainsi que la pièce débute par un rock haché, avant que Tibia ne surgisse sur scène boxant le vide et chantant du rap. Bruits de moto, paroles proférées avec violence, musiques fortes…et langue de Musset : de prime abord, la réunion paraît contre-nature tant elle est surprenante. Mais à bien écouter le texte, il comporte effectivement cette violence et ce désespoir… oui, au fond Musset était bien ce qu'en ont fait, avec beaucoup de talent, ces comédiens-hurleurs, vrais bûcherons de la phrase. Mais il faut avoir la sensibilité adéquate pour être prêt à accepter une telle transposition...
— France Catholique
Ceux qui s'attendent à une débauche de falbalas et de tendres mélodies seront déçus. Les autres seront ravis car Jean Menaud, le metteur en scène, se souvenant sans doute que l'action est censée se dérouler au pied du Vésuve, l'a transposé dans l'atmosphère chaude d'une ville méditerranéenne d'aujourd'hui. Rythmes tonitruants, car les maffiosi abondent ainsi que les motards casqués et les tueurs, taverne louche, intérieur bourgeois design…. C'est joué dans un style d'opéra-rock. Pourquoi pas puisque c'est bien fait ? Par Jean Menaud, qui s'est réservé le rôle d'Octave. Catherine Vignes, capricieuse et volontaire Marianne. Dominique Chagnaud, Ciuta épanouie. Michel Derville, Claudio réfrigérant, et Henri Blondin qui campe un Tibia inusité et impressionnant. Musset est bien toujours un enfant de notre siècle !
— L'Avant-Scène